Lors du forum économique mondial de Davos en janvier, la vice-présidente en charge de la société numérique de la Commission européenne Neelie Kroes faisait une annonce choc : 700 000 emplois seraient à pouvoir dans le secteur européen des TIC d’ici à 2015. En octobre à Paris, elle évoque même « deux millions de postes liés au secteur digital » à satisfaire ! Elle souligne aussi le déclin des compétences qualifiées dans ce domaine.
Développer la formation numérique
En France, la lutte contre l’analphabétisme numérique est au coeur de l’action de l’association Enseignement public et informatique (EPI). L’option informatique et sciences du numérique a été réintroduite en 2012 dans 700 lycées pour concerner à terme l’ensemble des jeunes. Le président de l’EPI Jean-Pierre Archambault, s’en réjouit. « L’analphabétisme numérique est un frein au développement économique et coûte cher aux entreprises. On a tendance à se polariser sur l’usage des outils, mais la culture générale numérique est essentielle alors que l’informatique est partout et de manière croissance. Il faut enseigner à l’école les sciences informatiques comme le font de nombreux pays. » Pour Régis Vallée, président de la commission formation de la CGE, le numérique est un mouvement à l’échelle mondiale et il s’accélère. « Aucune de nos formations ne peut y échapper ! S’unir au niveau européen est utile pour former en nombre suffisant depuis le scolaire jusqu’à la formation continue. » La CGE et l’EPI font partie des 42 organismes d’un collectif monté par la CNIL pour faire de l’éducation au numérique une Grande Cause Nationale en 2014.
« Pour la France,
nous arrivons à 55 000 postes à pourvoir sur
3 ans, soit 20 000 par an hors effet de crise, dont 80 % de Bac+5. »
Des besoins en compétences pérennes
« Le numérique est à la fois un secteur et des technologies diffusantes qui transforment les autres domaines, rappelle Francis Jutand, directeur scientifique de l’Institut Mines-Télécom. La métamorphose du numérique s’impose de plus en plus. début d’un processus qui s’accompagne d’un besoin pérenne en compétences pour l’accompagner. » En Finlande, en Californie ou en Israël, le numérique contribue à 12 % du PIB contre 6 % pour l’UE. Rattraper ce retard concourra aussi à créer des emplois.
Un des domaines les plus dynamiques de l’emploi
Selon l’APEC les intentions d’embauches de cadres dans le numérique restent supérieures à celles des autres secteurs : 87 % contre 53 %. « Ce sont des métiers sous tension, pourvoyeurs d’emplois mais on ne peut pas parler de pénurie, précise Pierre Lamblin, directeur des études et de la prospective de l’APEC. Pour l’année 2013 le secteur aura recruté 30 à 35 000 cadres. La volumétrie de certains postes de niche ou émergents est cela dit très faible : quelques centaines sur 3 ans pour des responsables de la stratégie mobile, dans le cloud, la virtualisation ou la sécurité des SI face aux 30 000 annuels pour les développeurs, chefs de projet, consultants en langage. Les métiers se transforment, la palette des compétences s’élargit mais les lignes de l’emploi n’ont pas encore bougé. »
D’où vient ce chiffre ?
Une enquête menée en 2012 à la demande de la Commission par Empirica, IDC et l’INSEAD eLab sur les eCompétences évalue les besoins à 864 000 postes d’ici 2015. Par ailleurs, des représentants de chaque pays participent à des groupes de travail sur les eCompétences et le eLeadership. La France est représentée par le CIGREF et l’association Pasc@line. « Les prévisions d’emplois ont été évaluées par chaque pays pour la période 2013- 2015, explique Christian Colmant, délégué général de Pasc@line. Pour la France, nous arrivons à 55 000 postes à pourvoir sur 3 ans, soit 20 000 par an hors effet de crise, dont 80 % de Bac+5. En agrégeant nos prévisions, la Commission arrive à 500 000 postes techniques en Europe. On monte à 700 000 voire 900 000, en incluant ceux liés au commerce électronique, à la communication digitale, au graphisme… »
A. D-F