HANDISPORTIF DE HAUT NIVEAU ET CHEF D’ENTREPRISE, RYADH SALLEM S’ENGAGE AVEC UNE ÉNERGIE COMMUNICATIVE DANS TOUT CE QU’IL ENTREPREND. EMPLOI, ACCESSIBILITÉ, SPORT ET REPRÉSENTATIVITÉ : IL ÉVOQUE AVEC NOUS ET SANS LANGUE DE BOIS CE QUI RYTHME AUJOURD’HUI LE QUOTIDIEN DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.
Emploi et handicap, les meilleurs ennemis ?
Il ne faut pas toujours être dans une dynamique négative : il n’y a que 8 % des entreprises aujourd’hui qui n’embauchent pas de personnes handicapées. Quelque chose a profondément changé dans la culture de l’emploi et il faut saluer les nombreuses initiatives positives prises par les employeurs. Même si embaucher une personne handicapée peut requérir des aménagements structurels et humains conséquents, c’est notre job de patron de relever ces défis sinon on n’avance pas. C’est d’ailleurs pour cela que je suis pour qu’on inscrive son handicap sur son CV. Je respecte ceux qui ne le font pas mais je suis persuadé qu’il faut parfois savoir forcer les choses pour abattre les préjugés. Dans certains pays le handicap n’est plus un sujet : au lieu de parler de handicap on s’attaque concrètement aux pathologies, à des problématiques techniques d’ergonomie et d’autonomie. La France devrait suivre cet exemple.
Le handicap ne souffre-t-il pas d’un réel déficit de communication ?
En matière de diversité, les médias sont le talon d’Achille de notre pays. Comme d’autres communautés, les handicapés sont souvent réduits à un regard qui ne les grandit pas. Au-delà du handicap, il y a selon moi une vraie réflexion à avoir sur la façon dont la force médiatique gère la diversité et la singularité des citoyens. La retransmission du handisport en est un très bon exemple : en France le handicap c’est du social, ça ne peut pas être du sport. Les directeurs de chaines de TV ont encore peur du couperet de l’Audimat et préfèrent rester dans leurs vieux réflexes que de prendre des risques. Mais ils ne sont pas les seuls à devoir agir pour changer les choses : nous sommes tous responsables.
“ Même si embaucher une personne handicapée peut requérir des aménagements structurels et humains conséquents, c’est
notre job de patron de relever ces défis sinon on n’avance pas.“
Quid du report de la loi sur l’accessibilité ?
Je le vois plutôt comme une seconde chance. Je comprends le désarroi de certaines structures face à cette décision mais qu’avons nous fait pendant 10 ans pour accompagner son application de façon pédagogique ? J’espère vraiment qu’avec ce prolongement des délais, les associations vont trouver les bonnes idées pour la faire appliquer par tous de la façon la plus intelligente possible et sans extrémisme. Concrètement, on ne peut pas demander à un petit commerçant de quartier de détruire sa vitrine pour construire une rampe en béton. Installer une rampe en plastique amovible ou une sonnette sont aussi des solutions envisageables et beaucoup plus accessibles. On défend nos intérêt mais il ne faut pas oublier ceux des autres : on sera beaucoup plus impactant si on est dans la justesse et la bienveillance mutuelle.
Vous êtes devenu une figure incontournable du “ Challenge du Monde des Grandes Ecoles & Universités.“ En quoi cet évènement fait-il écho à vos valeurs ?
C’est un outil intelligent de sensibilisation au handicap car il utilise le sport, un langage universel, pour susciter la rencontre et la connaissance de l’autre et démontrer que handicap est aussi synonyme de performance. A travers cet évènement, on touche l’affect, la passion, le jeu. Le fait que le handisport existe à ce moment là est important car cela permet de le dédramatiser : s’assoir sur un fauteuil et taper dans un ballon avec des champions est une première approche ludique de la question. Mais même si elle est importante, ce n’est encore qu’une étape, une journée dans l’année dont le parfum doit inspirer les grandes écoles et les universités pour comprendre que l’excellence peut-être surprenante car elle peut naitre partout et pas seulement au sein de ce qu’on a l’habitude de considérer comme l’élite.
CW.