L’agriculture et l’agroalimentaire ont subi de profonds bouleversements ces dernières années. L’innovation constitue l’un des principaux leviers de la compétitivité des IAA. Jean-Pierre Gadonna, Directeur du département des Sciences et Techniques Agro-Industrielles de l’Institut Polytechnique LaSalle Beauvais fait le point sur les grands défis des IAA.
Quel regard portez-vous sur l’agroalimentaire français ?
L’agroalimentaire est un plier de l’économie nationale avec 425 000 emplois, 165 Mds de chiffre d’affaires et une balance commerciale excédentaire. Mais, ces résultats cachent de fortes inégalités et une réelle fragilité de certains secteurs alimentaires du fait d’une forte concurrence internationale et européenne. La France a perdu sa place de 2e exportateur alimentaire mondial ; elle se retrouve désormais au 5e rang derrière les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Brésil. Elle doit définir ses stratégies de reconquête à l’international en considérant les spécificités des filières, des produits, des zones géographiques et surtout des consommateurs. Dans ce contexte, l’innovation jouera un rôle primordial.
En matière de recherche et d’innovation, à quels défis doivent répondre les industries alimentaires ?
Il est difficile de prédire ce que seront les systèmes alimentaires de demain tant les facteurs (géopolitiques, économiques, socioculturels, réglementaires…) sont variés et leurs impacts sur les systèmes complexes. Néanmoins, il est certain que la question de la durabilité de notre alimentation sera au centre des préoccupations des acteurs économiques des filières et mobilisera la communauté scientifique. Concrètement, les innovations alimentaires porteront sur le développement de nouveaux produits et la maîtrise de leur qualité globale (sanitaire, nutritionnelle, organoleptique). Mieux comprendre le lien entre alimentation et santé (rôle du cerveau, des fonctions métaboliques, immunitaires, intestinales…) et s’assurer que l’offre alimentaire corresponde aux attentes des consommateurs présentent également de vrais champs d’investigation en recherche. Les innovations concerneront également les procédés et leur impact sur la qualité des produits. Pour gagner en compétitivité, les industriels devront se doter de technologies propres, sûres, économes en énergie et les intégrer dans les processus de fabrication. Sur le plan organisationnel, le Lean présente un enjeu stratégique pour booster la performance industrielle des IAA. Enfin en matière de marketing, par sa capacité à scruter des millions d’informations, le Big Data mobilisera certainement dans les années à venir de nombreux scientifiques et industriels.
A LaSalle Beauvais comment réagissez-vous face à ces mutations dans le secteur des IAA ?
Pour anticiper et accompagner ces évolutions, nous avons engagé une réflexion prospective sur l’avenir des activités et des métiers dans les IAA. Les notions de RSE, éthique, développement durable, économie circulaire, performances industrielles sont venues renforcer les compétences de nos ingénieurs. Parallèlement, nos champs d’expertise en R&D dans le domaine alimentaire se sont étoffés et nos chercheurs, mobilisés aux côtés des industriels, abordent désormais les questions d’innovation technologique (produits, procédés) selon une logique d’ingénierie inverse.
Par Jean-Pierre Gadonna,
Directeur du département des Sciences et Techniques
Agro-Industrielles de l’Institut Polytechnique LaSalle Beauvais