Ryadh Sallem, triple champion européen de basket fauteuil et champion de rugby-fauteuil, est porteur de projets innovants de prévention au handicap et de valorisation des personnes handicapées au travers de son association Capsaaa.
Ryadh Sallem, triple champion européen de basket fauteuil et champion de rugby-fauteuil, est porteur de projets innovants de prévention au handicap et de valorisation des personnes handicapées au travers de son association Capsaaa.

« La manière dont une société considère le handicap est un choix de civilisation »

Spécial Handicap

 

Ryadh Sallem est un homme engagé. Engagé dans rugby-fauteuil alors qu’il vient d’être pré-sélectionné avec l’équipe de France pour les J.O. de Londres. Engagé pour montrer les possibles, pour faire progresser les choses, pour éviter que l’on parle du handicap de manière mercantile ou charitable.

 

Ryadh Sallem, triple champion européen de basket fauteuil et champion de rugby-fauteuil, est porteur de projets innovants de prévention au handicap et de valorisation des personnes handicapées au travers de son association Capsaaa.
Ryadh Sallem, triple champion européen de basket fauteuil et champion de rugby-fauteuil, est porteur de projets innovants de prévention au handicap et de valorisation des personnes handicapées au travers de son association Capsaaa.

Quel regard portez-vous sur la sensibilisation des managers à l’intégration professionnelle des personnes handicapées ?
Un manager manage des personnes avec tout ce que cela implique en termes de diversité. A ce titre, le management est un savoir. La sensibilisation est une formation non conventionnelle qui permet d’ouvrir les frontières, d’élargir la transmission des savoirs par des biais, culturels ou sportifs par exemple.

 

Que dit la manière dont une société considère le handicap de notre civilisation ?
Nous avons hérité d’un système de solidarité. Une société peut aussi être pragmatique et comptable, gommer la dimension humaine. La calculette est certes un guide pour donner une direction, évaluer. Mais les chiffres seuls n’ont pas de sens. Je constate que dans notre société on s’égare un peu. On calcule toujours le coût d’un handicapé, pas combien il rapporte, notamment en termes d’emplois qu’engendre la prise en charge du handicap. Ne pas tout jauger à l’aune des chiffres c’est aussi une question de valeurs : cela vaut-il le coup d’investir pour le bien-être de millions de personnes ? L’économie est en ce sens un outil pour gérer une société (et donc des vies), d’impulser une civilisation.

 

Comment faudrait-il considérer le handicap dans la société ?
Il faut d’abord cesser de le considérer comme une exception, de le réduire à quelque chose de pathologique. Il est inclu dans l’ensemble de la société. Et plus encore, il est une clé pour le progrès. Lorsqu’on met en place des systèmes de compensation du handicap, ils servent à tous. Par exemple, faciliter la montée dans un bus simplifie les choses pour tout le monde.

 

Pourquoi est-il difficile de se positionner face à une personne handicapée dans le travail ?
Quelqu’un qui a une personne handicapée dans sa famille et n’a jamais su se positionner par rapport à elle, ou pour qui c’est une chose trop douloureuse, aura peur d’être maladroit. Cela se traduira par de l’évitement ou de l’indifférence. D’autres personnes souhaitent aider en relation avec des valeurs personnelles ou religieuses. D’autres encore nient le handicap. Si une personne handicapée est recrutée, c’est parce qu’elle a une compétence. Il faut donc l’accueillir telle un collaborateur. J’ajoute que malgré nous, nous sommes souvent considérés comme des ambassadeurs du handicap. Le regard se cristallise alors sur le handicap, et non sur la personne. Selon son poste, chacun a besoin d’outils différents, un ordinateur, une machine, un pinceau, etc. Pour compenser son handicap et exercer comme tout autre, une personnes handicapée a parfois besoin d’outils ou d’aménagements spécifiques.

 

Quel message pouvez-vous passer à un jeune handicapé ?
D’être réaliste, car on entend beaucoup de belles paroles qui ne se traduisent pas toujours en actes. Néanmoins la machine du progrès est en marche, elle doit maintenant rouler. Celui qui se lance dans des études rencontre encore des difficultés. Mais le combat mérite d’être mené, pour soi. Rien n’oblige en revanche d’être un militant. J’ai choisi de m’impliquer pour transmettre, raconter un parcours de vie, montrer que c’est possible de réussir. Dans tous les cas, je pense qu’il faut mettre en avant les solutions et non les problèmes, montrer le dynamisme et les talents.

 

A. D-F

 

www.capsaaa.net