LES ENJEUX DE LA REPRÉSENTATIVITÉ DES FEMMES EN ENTREPRISE
« Elles bougent », rencontre avec Marie- Sophie Pawlak, présidente de l’association qui se bouge depuis de longues années pour sensibiliser les filles aux métiers de l’ingénierie et aux formations scientifiques.
Vous menez des actions de sensibilisation en aidant les jeunes filles dans leur choix d’orientation, pouvez-vous nous parlez de la dernière action marquante menée à bien ?
C’était lors du mondial de l’automobile. Nous avons mené une action pour sensibiliser davantage les jeunes filles aux métiers du secteur automobile, qui est un domaine encore assez masculin. Les lycéennes et étudiantes présentes au salon ont participé à une visite approfondie des stands des partenaires de cette opération (FIEV, VALEO, CITROEN, Peugeot, Renault), en compagnie des marraines de l’association. Elles ont dû répondre à un quizz dans lequel questions techniques, technologiques et environnementales concernant les partenaires étaient au programme, toujours avec l’aide des marraines. A la fin, nous avons clôturé l’évènement par un débat sur les ressources humaines dans les grandes entreprises du secteur automobile et les DRH présents en ont profité pour rappeler leurs besoins en recrutement d’ingénieurs, toujours très présents, et leurs objectifs de féminisation de leurs équipes. Enfin, nous avons proposé aux jeunes filles d’imaginer la « voiture de 2050 ». Il s’agira d’une conception automobile par des étudiantes et lycéennes, qui donneront un nom à leur création et devront faire preuve d’innovation et de créativité en présentant leur vision de l’automobile en incluant des aspects technologiques (Sécurité, Confort/Ergonomie, Interconnexion), environnementaux et de design.
Par ailleurs, actuellement nous préparons plusieurs grands évènements : Un en région Rhône Alpes, le 29 novembre, un autre le 17 janvier 2013 dans un lieu parisien restant à confirmer : le premier Forum « Elles bougent », réseaux et carrières au féminin, et enfin lors du salon du Bourget en juin 2013. Ces salons représentent une grande opportunité pour valoriser les postes d’ingénieurs auprès des lycéennes et étudiantes, surtout quand on sait que sur l’ensemble des jeunes filles qui choisissent la voie scientifique en Terminale , seules 10 % se dirigent vers les études d’ingénieurs.
Les actions de sensibilisation en amont sont nombreuses, mais n’y a– t-il pas également des actions possibles à mener en aval pour pousser les étudiantes à briguer des postes à responsabilités au cours de leur carrière ?
Si, tout à fait, c’est d’ailleurs un des objectifs du forum « Elles bougent »du 17 janvier, avec la présence de marraines travaillant au sein d’entreprises et des étudiantes. L’objectif est notamment de leur faire prendre conscience de l’importance d’avoir un réseau quand on entre sur le marché du travail. Nous leur proposerons aussi lors de cet évènement, de participer à des ateliers de coaching, par exemple pour la négociation du premier salaire. En effet, on s’aperçoit que les garçons sont généralement plus pugnaces lors de la négociation salariale que les filles, un peu plus réservées.
Le plus gros challenge est-il de valoriser les postes d’ingénieurs auprès de la gente féminine ou bien que les femmes se dirigent massivement vers des postes à fortes responsabilités voire à la tête de grands groupe ?
Cela dépend de l’âge et du stade de la carrière de la femme à laquelle on s’adresse. Bien évidemment il faut pousser les femmes à aller vers des postes à responsabilité et pour cela « Elles bougent », mais aussi nombre de grandes entreprises, ont mis en place des ateliers de coachings. Il faut beaucoup communiquer sur le sujet, car les femmes doivent apprendre à oser candidater à ces postes autant que les hommes. Pour ce qui est du deuxième enjeu, il ne s’agit pas de pousser les jeunes filles en masse vers des études d’ingénieurs mais plutôt de leur faire découvrir ces filières encore très masculines qu’elles ne connaissent pas, si elles ont des affinités avec les matières scientifiques. De plus, les études d’ingénieurs ouvrent de nombreuses portes et débouchent sur des métiers et des secteurs très variés.
Quelle devrait être la stratégie des femmes pour accéder à la tête de grands groupes ?
La même que celle des hommes. Lorsqu’on brigue des postes à la tête de l’entreprise, tout se joue sur les compétences. Il faut donc être le-la meilleur-e. Cela dit, les femmes étant entrées en nombre dans le monde du travail dans les années 70, on peut comprendre que les femmes soient encore moins représentées que les hommes dans le haut de l’organigramme au sein des entreprises (bien qu’en 40 ans ça aurait dû avancer plus rapidement…), c’est pourquoi il est nécessaire d’aller chercher et dénicher les talents féminins au sein des entreprises et de les faire remonter au plus haut niveau. Les lois récentes Copé Zimmermann et Sauvadet doivent pouvoir nous y aider, en agissant en catalyseur des démarches en la matière déjà initiées par les entreprises.
Dans la société, les qualités dites « féminines » existent bien, elles sont consécutives à l’éducation « sexuée » et à l’histoire, il faut savoir en faire un atout dans le monde professionnel. Mais il faut aussi et surtout savoir faire preuve de qualités de visionnaire, de stratège, de leader et de charisme, qui sont indispensables pour arriver à la tête d’une entreprise, des qualités qui n’ont pas de sexe, des qualités intrinsèques aux personnes, femmes ou hommes…
AS B–M